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La boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d’or, porte plainte pour « harcèlement moral »

Après le tournoi de boxe, la bataille judiciaire. Quelques heures avant de remporter la médaille d’or du tournoi olympique de boxe féminine des moins de 66 kg face à la Chinoise Yang Liu, vendredi 9 août, la boxeuse algérienne Imane Khelif a entamé un autre combat devant les tribunaux. Victime depuis plus d’une semaine d’une virulente campagne de dénigrement concernant son identité de genre, la boxeuse a déposé plainte contre X devant le pôle national de lutte contre la haine en ligne du tribunal correctionnel de Paris.
Cette plainte, que Le Monde a pu consulter, vise des faits de « harcèlement moral » en ligne. Sa victoire par abandon en quarts de finale contre la boxeuse italienne Angela Carini, le 1er août, avait déclenché un tsunami mondial de messages haineux sur les réseaux sociaux la décrivant comme un « transgenre » concourant volontairement dans la mauvaise catégorie, voire un « homme » coupable de « violences faites aux femmes ».
Dénonçant des « spéculations entretenues par des personnes malveillantes », son avocat, Me Nabil Boudi, précise dans la plainte que « ces publications ont été postées par des personnalités politiques importantes », ce qui a contribué à les diffuser très largement sur le réseau X, où elles auraient « dépassé les 100 millions de vues ». Une polémique inarrêtable, qui s’est transformée en un véritable « calvaire » pour la boxeuse algérienne de 25 ans, en pleine compétition olympique.
Un simple tweet de Philippe Vardon, ancien candidat Reconquête ! aux dernières élections européennes et collaborateur parlementaire de trois députés apparentés au groupe Rassemblement national (RN), évoquant « des coups portés par un homme sur une femme », compte ainsi 3,4 millions de vues. Celui de l’ancien député RN Gilbert Collard, décrivant la boxeuse comme un « transsexuel algérien », a été vu plus d’un million de fois.
Une paille, comparé à l’audience de certains tweets publiés à l’étranger, que ce soit par la romancière britannique J. K. Rowling, l’homme d’affaires Elon Musk, la première ministre italienne, Giorgia Meloni, ou encore le candidat à la présidentielle américaine, Donald Trump. Loin de se limiter aux frontières de l’Hexagone et du monde du sport, la campagne de cyberharcèlement qui a visé la boxeuse était non seulement « massive », précise la plainte, mais aussi « coordonnée ». « L’enquête devra déterminer qui a été à l’origine de cette campagne misogyne, raciste et sexiste, ainsi que celles et ceux qui ont alimenté ce lynchage numérique », insiste Me Boudi auprès du Monde.
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